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16 novembre 2014

On a dormi chez Fredi

Les îles flottantes d’Uros, on nous avait prévenu, c’est est une arnaque à touristes.

Une rencontre au canyon de Colca nous a évité de vivre ce genre d’horreur, eux ont choisi une solution alternative.
Alors, ils nous racontent, nous décrivent sans nous en dire trop, nous montrent seulement une photo… C’est décidé nous allons dormir chez Fredi. Fredi, nous ne te connaissons pas mais nous allons à ta rencontre.

Le rendez-vous est fixé, 16h sur la place des Armes de Puno, « j’aurai une veste bleu et une casquette » nous dit-il.
Une poignée de main, une rapide présentation, quelques échanges de mots et nous partons faire des courses pour la famille. Patates, carottes, courges, tomates, oignons, farine… Un petit plein pour un régiment !
10 minutes de combi pour s’arrêter au milieu d’un pont, « on doit attendre ma femme » nous annonce Fredi. Alors on s’installe au bord de la rive, cette rive du lac Titikaka, on commence à discuter, le courant passe.

Un bateau ou plutôt une barque à moteur s’approche, une petite fille de deux ans assise sur l’avant du bateau nous fait des signes. C’est une femme forte et souriante qui approche l’embarcation de la rive.
Nous grimpons à bord, ravis de ce nouveau moyen de transport.

Assise devant, quasi en équilibre sur l’avant du bateau, la petite fille n’a pas bougé. Il est 17h, la nuit tombe, les couleurs sont belles, on ne sait pas à quoi s’attendre mais on avance sur cette eau paisible.
La petite fille manque de s’endormir, Erwan la retient et la prend dans ses bras, cela fait rire nos hôtes, Fredi et sa femme, la confiance s’installe.

JOUR 1 – Le débarquement

Le débarquement sur un lieu inconnu,
Le débarquement au sein d’une famille attachante,
Le débarquement pour une expérience unique.

On accoste sur leur île, une petite île de 4-5 maisonnettes en « roseaux ». Fredi nous raconte que c’est la seule famille à vivre sur cette île.
Il nous présente sa famille :
– Maria, 2 ans
– Lionel, 3 ans
– Fredi Jr (Tony), 4 ans
– Maya, 7 ans
– Jurith, 9 ans
– Nelly, 14 ans

Nous découvrons alors une grande famille, des enfants qui courent partout, pieds nus, des habits troués et raccommodés mais ce sont des sourires qui nous accueillent !
Ils nous montrent leur maison, ou plutôt leur cabane, 15 m2, un seul matelas, 8 couvertures, une seule étagère, une table et quelques habits.
Fredi nous explique comment s’organise la maisonnée : lui, sa femme, les 2 garçons dorment dans le lit double et la plus petite à leur pied. À côté, par terre sur une couverture, Nelly la plus âgée et les deux filles dorment ensemble.

C’est bien sûr avec émotion que nous découvrons leur environnement mais ce qui nous a le plus choqué est leur étagère, 2m de hauteur et 1m de largeur mais à moitié vide, peut être un habit chacun mais pas plus.
La cuisine se situe dehors, entre deux couvertures, la nourriture posée à même le sol, le minimum de vaisselle, les odeurs de poissons et de viandes avariés, bref nous sommes au milieu d’une famille vivant du strict minimum.

Le froid et la nuit s’installe, Fredi nous propose de s’assoir sur un banc en roseaux autour de la cuisine, avec un peu d’appréhension (et de dégoût) nous nous installons. Les enfants nous entourent, montent sur nos genoux, une soupe de riz et de patates nous sont servis, nous mangeons tous ensemble, nous posons des questions sur le fonctionnement de l’île et sur la famille. C’est autour d’un doux mélange d’espagnol et d’aymarra que nous profitons de ce repas.

JOUR 2 – La découverte

La découverte de leur mode de vie,
La découverte de leur histoire,
La découverte de leurs habitudes.

7h du matin, c’est dans le froid que nous sortons de notre cabanon. Tout le monde est déjà réveillé, Fredi et sa fille Nelly préparent les filets, Judith la mère prépare à manger et les enfants courent et jouent sur l’île.
Nous nous installons autour de la cuisine, le temps est maussade, Fredi nous explique que le temps n’est pas bon pour la chasse.
Autour d’un maté et d’un pain fait maison (pan de Uros), Fredi nous raconte, il nous explique le fonctionnement de l’île.
Nous apprenons alors que seul 6 familles vivent à l’année sur les 1500 maisons des îles Uros.
Les autres familles vivent sur le continent et sont souvent en relation directe avec les agences. Souvent des femmes, elles ne viennent sur l’île que pour la journée afin de vendre leurs artisanats et faire croire aux touristes qu’elles ne vivent que de leurs travail, sans mentionner leurs maris qui travaillent sur le continent ou dans les montagnes.

Cette découverte fut confirmée quelques minutes plus tard où nous voyons 2-3 femmes vêtus des habits traditionnels débarquer sur l’île. Le manège peut commencer, elles déballent leurs artisanats, ouvrent leurs maisons faisant apparaître un lit et donnant l’illusion qu’une famille y vit quotidiennement.
C’est avec amusement que nous voyons les touristes débarquer sur l’île, les femmes exécutant leurs rituels de bienvenue (« Kamisaraki » qui signifie « bonjour » en Aymarra) et donnant diverses explications sur le fonctionnement et la création d’une île. Vient alors le moment où elles déballent leurs artisanats accompagné de leur discours habituel.

La tristesse dans tout ça est de voir la famille de Fredi qui s’applique au même rituel pour essayer de vendre leurs propres artisanats qui pour eux est réellement la seule source de revenu.

Leur île, c’est leur histoire. Construite par leurs mains, elle fait partie de leurs vies. Fredi nous raconte qu’il y a 12 ans, avec trois autres hommes, ils ont construit cette île, leur île. Composée d’abord d’une couche de racines puis d’une couche successive de roseaux (totora), elle peut tenir 70 à 80 ans si elle est bien entretenue (ce qui consiste à rajouter des couches de roseaux environ une fois par semaine). Elle est maintenue par des cordes afin de ne pas dériver, et pour ne pas se retrouver clandestin en Bolivie par exemple !

8h, après ces explications, nous aidons à la cuisine puis à la vaisselle pour enfin manger un plat de riz, un morceau de fromage frit et une compotée d’oignon et de tomates une heure après le petit déjeuner.
Le reste de la matinée, nous jouons avec les enfants et nous aidons au quotidien. Eva ne se sentant pas très bien, je profite de ces moments pour comprendre au mieux le fonctionnement de leur quotidien.

12h, nous partons chercher la truite et fabriquer la poudre à fusil au cas ou le temps s’améliore. Nous partons en bateau, Eva, Fredi et moi. N’étant pas la bonne saison, nous achetons 2 kg de truite pour toute la famille. En s’arrêtant sur une autre île, Fredi prépare la poudre à fusil grâce à un mélange de poudre blanche et de charbon. Il faut écraser les deux produits ensemble afin de fabriquer une poudre fine. L’opération doit durer une vingtaine de minutes. En le voyant faire, cela semble éprouvant, je décide donc de lui filer un coup de main. Fredi et les autres habitants de l’île se rient de moi !

L’après-midi suit son cours, nous aidons à la préparation de la truite, profitons des petits rayons de soleil et jouons avec les enfants.
La parade des touristes continue et c’est avec amusement que nous expliquons ce que nous faisons là. Beaucoup sont surpris et étonnés des véritables conditions de vie de la famille.

Le soir, nous partons Fredi, Nelly et moi poser les filets pour la pêche de demain matin.
Sur le retour, Fredi me donne les commandes du bateau. Je joue le jeu et me mets dans la peau de Fredi. Je m’amuse alors à raconter ma vie, mon histoire, mes habitudes sur ces îles d’Uros. Cela les fait beaucoup rire et permet de voir si j’ai bien retenu les découvertes du jour !

JOUR 3 – La surprise

La surprise d’un temps magnifique,
La surprise d’une pêche réussie,
La surprise d’un souvenir inoubliable.

5h du matin, nous nous réveillons sous un soleil magnifique. Quelle surprise de voir l’île sous un ciel bleu d’azur, entourée d’une eau calme et paisible.
Eva se sentant mieux, nous partons avec Fredi ramasser les filets de pêche posés la veille.
Sans remous et sans bruits, c’est avec émotion que nous avançons en direction des filets.
Et quelle surprise en les remontants, plus de 90 « carachis » s’y sont accrochés !
Nous rentrons, sourires aux lèvres pour annoncer la bonne nouvelle à la famille.

6h, le petit déjeuner est servi, pains maison et maté de coca.
À côté de nous, Fredi fabrique des bateaux traditionnelles miniatures à l’aide de roseaux et c’est avec étonnement et amusement que nous le regardons faire. C’est si précis, si fin et rempli de couleur que nous en sommes émerveillés.

7h, le poisson est prêt, nous voici avec une assiette de riz, œufs et 3 « carachis » (les poissons pêchés le matin même) chacun !

8h, c’est l’heure du départ, nous apprenons que toute la famille sera présent dans le bateau !
Avec amusement, nous nous entassons dans le navire qui manque de chavirer mais la famille maîtrise la situation. Nous nous laissons donc porter sous les commandes de Fredi !
Arrivés sur la terre ferme, c’est à coup d’embrassades et d’accolades que nous faisons nos adieux.
Fredi nous offre deux adorables petits bateaux traditionnels et Nelly deux dessins représentants toute la famille et la vie sur leur île.
Quel souvenir

NOTE : Souvenez-vous, il y a un an, nous avions vécu une expérience unique sur une toute petite île flottante en roseaux, au Pérou. Nous avions été accueillis à bras ouvert pendant 3 jours par Fredi, Yuli et tous leurs joyeux bambins. Aujourd’hui cette petite famille a besoin de nous tous, car Yuli (la maman) est atteinte d’une leucémie, les soins ne sont pas pris en charge et la famille n’a pas les moyens de les payer…
Amis, amies, nous faisons appel à votre générosité pour participer au pot commun que nous avons mis en place pour leur venir en aide… toute aide est bonne à prendre 🙂
Nous vous embrassons très fort, merci d’avance.

Commentaires

  1. Uta

    Magnifique et émouvant!

  2. Margaux

    coucou,
    c’est vraiment magnifique.
    votre histoire et vraiment passionnante
    bisous
    Margaux 🙂

  3. Christian Audié

    bon toujours éblouissant ce voyage ,nous attendons la suite avec impatience…Christian

  4. Margaux

    je vous souhaite un très joyeux noël !!!!!! =)
    Gros bisous de toute la famille
    Margaux 🙂

  5. beatrice Chevduf

    c’est merveilleux de vous lire. je suis très jalouse et aurais tellement envie de vous y retrouver ! merci pour tous ces récits.

    • Merci Béatrice, c’est sympa 😉
      A très vite !

  6. Laetitia

    Magnifique article ! Superbes photos ! Belle aventure !

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