Santa Cruz ou le trek de ta vie !

Pour le début de l’histoire, voir l’article sur la Lagune 69 !

Jour 1 – De Vaqueria à Paria

Après une nuit au départ de la Lagune 69, nous prenons tranquillement notre petit déjeuner lorsqu’une énorme vache fait son apparition et rode autour de notre tente en s’approchant et en nous fixant curieusement. Nous l’éloignons à coup de rugissements ridicules et terminons au plus vite de ranger la tente. Nous arrivons pile à 9h au point de rendez-vous, et 10 min plus tard, nous voyons surgir au loin le camping-car.
On est heureux, comme deux naufragés sur une île déserte qui voient un bateau s’approcher ! Pendant les deux heures de trajet jusqu’à Vaqueria, point de départ de la randonnée, nous faisons connaissance et sommes admiratifs de ces deux journalistes qui voyagent pendant deux ans avec leurs enfants de 6 et 2 ans en Amérique du Sud et du nord (megustamuchoestepais.com). On aurait bien voulu continuer la route avec eux ! Mais on descend comme prévu pour commencer le trek de Santa Cruz.

La première journée avec nos 13 kg sur le dos se passe bien, et surtout, ça ne monte pas trop ! Passage au poste de garde pour faire tamponner nos boletos à 65 Soles et on continue la marche. On arrive sur une plaine marécageuse remplie de chevaux, moutons et vaches sauvages avec en prime un cheval qui domine l’ensemble du paysage du haut de son promontoire. Erwan en est tout ébahit ! On poursuit sur le sentier balisé pour arriver sur l’emplacement de camping à 3900m où on se fait un petit feu pour se réchauffer. Sauf qu’à cette altitude, il n’y a pas beaucoup d’oxygène, et notre petit feu à du mal à s’alimenter. On le regarde réduire au fur et à mesure puis s’éteindre à notre grand regret, malgré les efforts d’Erwan qui tente de souffler dessus pour le raviver, en étant lui même à court d’oxygène !
Du coup, à 19h on se les gèle, on rentre dans nos sacs de couchages avec cette fois collants et t-shirt à manche longue, puis n’ayant rien d’autre à faire, et bien on dort !

Jour 2 – Paria – Col de Punta Union – Taullipampa

Levés 5h30, aujourd’hui se profile une longue journée. Uniquement de la montée et le passage du col de Punta Union à 4750m. On ne se rendait pas vraiment compte de la difficulté supplémentaire que nous apporterait nos 13 kg sur le dos à cette altitude. En plus de ça, ayant peur de mourir de faim, nous avons prit beaaaucoup trop à manger… Ce qui alourdi fortement le sac. Et oui, ça pèse sont poids les dizaines de sachets de fruits secs !
C’est parti. Les 3 premières heures sont difficiles mais pas insurmontables. On fait quand même des pauses toutes les demies-heures et Erwan demande l’heure toutes les 5min !
On arrive sur un petit mont en pensant être presque au sommet, quand on voit au loin un mur rocheux noir de 300m de haut (cf photo 113) qui nous paraît infranchissable avec une minuscule fente au sommet… C’est le col que nous devons passer. Ça ressemble un peu au « Wall » de Game of Thrones, ou au « Mur du Mordor » dans le Seigneur des Anneaux. Démotivés, on se fait une pause de 20min au pied de la falaise monumentale. On commence la montée sans prendre vraiment de plaisir. On marche dans le seul but d’avancer en regardant furtivement le cirque des sommets qui nous entourent à plus de 6000m.
Il fait gris, on ne voit que nos pieds, la marche est lente… Un pas, une respiration. Les sacs pèsent, l’oxygène se fait rare, mais après 2h d’un effort (presque) insurmontable, nous y sommes ! Punta Union à 4750m, on se tombe dans les bras heureux d’être arrivés à bout de cette montée. Il fait froid là haut, on descent au plus vite jusqu’au point de campement (2h de plus quand même) pour planter la tente et se protéger du froid glacial. Exténués et trop congelés, on ne prend même pas le temps de manger. On couple nos sacs de couchage pour se tenir chaud et s’endormir au son de la pluie qui tapote sur la tente.
Une bonne chose dans toute cette histoire, on aura au moins randonné au sec !

Jour 3 – De Paria à Llamarocal

Il est possible de commencer la journée par la lagune d’Arhuayacocha, ce qui rallonge la randonnée de 2h30. Mais vu notre expérience de la veille, on préfère se préserver un peu et tracer jusqu’au village d’arrivée à Cashapampa. Même si on finira par regretter de ne pas avoir vu la lagune d’Arhuayacocha (qui paraît-il est magnifique) et l’Alpamayo (c’est le mont qui a inspiré le logo Paramount), on passe une superbe journée ensoleillée en plaine, sans aucune montée, à s’amuser sur une zone désertique au milieu des montagnes, à prendre notre temps le long de la rivière pour admirer les monts dégagés, à passer au dessus des lacs, respirer, se sentir vivant… On pique-nique derrière un énorme rocher où les vaches viennent passer leur têtes une à une, curieuses de voir ce qui se trame.
On continue notre route vers Cashapampa en profitant des paysages et du soleil, et on décide finalement de camper une nuit de plus. On plante la tente et on passe la fin de l’après midi à lire et jouer aux cartes, que du bonheur !

Jour 4 – De Llamarocal à Cashapampa

Le réveil se fait sur un ciel bleu pur, sans aucun nuage à l’horizon. La dernière partie du trek est paradisiaque. La rivière est bordée de pelouses verdoyantes, les petits colibris viennent butiner dans les arbustes fleuris, et nous, on se fait des pauses à répétition à l’ombre des arbres qui enjambent la rivière !
Après 3h de marche, nous arrivons au village et trouvons tout de suite une voiture pour nous emmener à Caraz. On savoure un Coca bien frais avant de prendre la route. On commence le trajet à 3 dans la voiture, puis sur le chemin on ramasse les gens au fur et à mesure. On est 4, puis 5, puis… 9 ! Je (Eva) me retrouve à l’avant sur le frein à main, une femme à ma droite avec son fils sur les genoux, la machette posée sur le tableau de bord et derrière, Erwan est entouré d’un paysan, d’une vieille femme de 70 ans, et d’une femme autre avec son bébé dans les bras ! Le trajet est plutôt folklorique, amusés et entassés les uns contre les autres, on arrive sain et sauf à destination !
Ce soir, direction Lima !

Itinéraire et conseils

Si vous comptez faire le trek de Santa Cruz en autonomie, il n’y a aucun risque, c’est très bien balisé (sauf le début, ou on commence dans un village, demandez votre chemin). Vous allez croiser du monde (mais pas trop en hors saison) et le point de départ est accessible en combi (partez tôt de Huaraz). Voici une carte de notre itinéraire pendant le trek de Santa Cruz :

Carte du Trek de Santa Cruz

Même si le trek de Santa Cruz peut se faire facilement en autonomie, vous ne ferez pas de grandes économies : les agences le propose à des tarifs très compétitifs.
D’après nos calculs, nous avons fait une économie de 100 soles chacun (27,2 euros) par rapport à une agence, pas énorme ! Nous l’avons fait seuls plus pour le challenge que pour les économies 😉
L’avantage de passer par une agence, c’est que vous ne serez pas obligés de porter 13kg sur le dos et vous aurez le droit à de très bons repas ! Attention cependant, car les mules peuvent parfois porter des centaines et des centaines de kgs, ça fait mal à voir. On en a vu certaines mortes en chemin, donc choisissez bien votre agence et renseignez-vous au maximum.
Nous vous recommandons l’agence Mount Trek qui semble sérieuse, même si nous ne l’avons pas testé, nous avons rencontré un couple de français qui a été enchanté par cette agence, surtout qu’ils étaient que 6 lors du trek !