Portrait #1 / Alfonso Morales

Lors de notre séjour au sein de la communauté de Chilcapamba, nous sommes hébergés chez Alfonso Morales, père de famille de 3 enfants, Consuelo, Victor et Tupak, et homme d’action à plusieurs niveaux.
Nous prenons notre petit déjeuner dans la cuisine, lorsque nous voyons Alfonso Morales pour la première fois. C’est un homme de taille moyenne, tout de blanc vêtu avec une veste noire. Un chapeau traditionnel en feutre qui couvre de long cheveux noirs attachés avec une tresse comme la porte tous les hommes de la communauté.
Un fort charisme se dégage de cet homme et nous sommes quelque peu intimidés malgré son accueil souriant et chaleureux.

A table, il nous parle de la communauté, de tous les travaux qu’il met en oeuvre pour améliorer le quotidien des indigènes, des problèmes qu’il rencontre, des lois qui passent, des solutions envisagées…
Parmi ses terrains d’action, il y a entre autres l’accès à la santé, la permanence de la langue Kishwa et de la culture indigène qui se perd peu à peu. Mais aussi l’eau, dont seule la moitié de la communauté a accès aujourd’hui, les terrains d’agriculture qui diminuent face à l’augmentation de la population dans la communauté, le risque de ne plus pouvoir subvenir aux besoins de tous, la campagne de communication qui doit être faite dans les écoles pour informer les enfants sur les dangers de la mal-nutrition, les écoles qui ferment peu à peu car elles n’ont pas assez d’élèves…

Alfonso Morales semble être sur tous les plans, dévoué à la communauté et à l’amélioration de la vie de chacun en son sein.
Nous nous sentons tout petit face à cet homme qui oeuvre tant pour les autres. Notre maigre participation nous paraît bien peu de chose face à tous les problèmes existants.

Lors d’un repas pris avec toute la famille, Alfonso Morales nous parle du tourisme communautaire lorsque nous lui posons la question.
D’un côté, il regrette que la communauté ne soit pas aidée par le gouvernement qui ne promeut le développement du tourisme à Chilcapamba, de l’autre côté, Alfonso nous explique que le bouche à oreille est la meilleure façon de promouvoir ce type de tourisme.
En se développant trop, le côté authentique que recherchent les voyageurs serait perdu et la vie dans la communauté pourrait en être altérée.

Il nous parle de la différence entre les groupes qui voyagent par agence et qui ne restent qu’une nuit au sein de la communauté sans avoir le temps de comprendre le mode de vie des indigènes, et ceux qui restent et qui s’imprègnent de la culture pour avoir un échange d’où chacun en ressort grandi. Il donne beaucoup d’importance à l’échange inter-culturel, à l’apprentissage par l’autre et au partage de connaissances.

Ses différentes missions en font un homme chargé, occupé par des tas de réunions auprès des différents ministres de l’agriculture, de la santé, de l’éducation, des maires des villes environnantes, des groupes de travail sur tous les sujets abordés…

Alfonso Morales est un grand homme qui agit à son échelle et qui se bat pour les valeurs qui sont les siennes et celles de toute la communauté indigène. Nous avons été heureux et honorés de pouvoir rencontrer un tel homme et sa famille.