4 amis, une voiture, le bitume… la liberté.
Nous voilà partis pour 8 jours à la découverte de la 9ième et 10ième région du Chili, avec pour objectif d’atteindre l’île de Chiloe. On est plein à craquer dans la petite Fiat Seat qui affiche 200 000 km au compteur. Nous voilà filants sur la route pour notre première destination, las Thermas de Pyuehue, en passant par la magnifique route des lacs.
Arrivés en fin d’après midi, nous partons nous prélasser dans les thermes naturelles d’où jaillit une eau brulante à quelques mètres seulement d’une rivière glacée. Après avoir barboté une bonne heure dans le trou que nous avons creusé dans les galets, nous retrouvons notre voiture pour trouver un spot de camping sauvage. La nuit commence à tomber, il ne s’agirait pas de se faire surprendre !
On s’aventure toujours plus loin, hors des sentiers battus, loin de la maison de la conaf (gardes forestiers), loin de tout signe de vie. La piste devient de plus en plus mauvaise. On entend un bruit sourd sous la voiture, comme une pierre qui aurait été projetée contre la tôle. On roule plus doucement. La jauge d’essence descend anormalement vite et une odeur de gazolina envahie l’habitacle. Les nerfs commencent à jouer avec nous, on s’imagine le pire, on s’arrête, on vérifie sous la voiture, et notre crainte s’est révélée justifiée. Le réservoir d’essence fuit à torrent… La panique s’empare de nous, que fait on, quelles sont les options ? Plus on réfléchit, plus le réservoir se vide et nos chances d’atteindre une ville s’amenuisent. Il faut faire vite. On décide de rebrousser chemin et d’arriver au plus vite à la ville la plus proche pour trouver une station service. En chemin, nos 8 yeux sont rivés sur la jauge qui descend toujours.
Après une trentaine de kilomètres, on atteint enfin une ville et on trouve avec difficulté une station service. Un garagiste qu’on a sorti du lit s’approche de la voiture, examine le réservoir fuyant, va chercher un carré de savon « Popeye« , et trafique pendant une heure sous la voiture. On se demande ce qu’il fait avec son savon, quelques fous rires dus à la fatigue sont lâchés. Il termine, on passe la tête pour regarder, si si, il a bien colmaté le trou avec du savon !
On arrive sur l’île de Chiloe le 7 janvier. On roule en direction d’Ancud, la ville principale de l’île, en passant devant la préparation d’un curanto, le plat typique de Chiloe. Des pommes de terres, des coquillages, du porc… Le tout cuit à l’étouffé dans le sol recouvert de pierres chaudes et de feuilles de rhubarbe géante.
En arrivant à Ancud, on passe a l’office du tourisme. Cela faisait plusieurs jours que nous étions coupés du monde, sans accès à internet. On fait un tour sur les réseaux sociaux, les journaux, et on reste muets face à ce que l’on voit. On tombe en direct sur la fusillade de Charlie Hebdo. On voit les nouvelles défiler chaque minutes. On comprend peu à peu l’ampleur du drame. On se sent loin, seuls, perdus. On aimerait être la bas, se mobiliser avec tous, mais on est à des milliers de kilomètres et on pleure le drame. Les trois jours qui suivent seront hantés par la tragédie. C’est peut être peu pour ça qu’on aura gardé un petit goût amère de notre passage sur l’île de Chiloe.
Et pourtant, l’île est belle, elle a du charme avec toutes ses églises en bois si caractéristiques, dont beaucoup sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ses paysages pourraient faire penser a l’Irlande avec ses collines vertes, ses bords de mers entre plages et falaises. On aura tout de même passé du bon temps avec nos amis, entre camping sauvage au bord de la plage, randonnées et restos perdus au fin fond de l’île…
Notre route se sépare avec Alban et Maylis, on continue le voyage à deux après plusieurs semaines passés tous ensembles. Eux partent en direction du sud pour la mythique carretera austral. On se fait nos adieux, on ne sait pas encore si nos routes se recroiseront pendant le voyage. On les regarde partir, avec une petite pointe de nostalgie ! Mais un nouveau voyage nous attend, celui avec notre famille qui va bientôt nous rejoindre !
Categories
Laisser un commentaire